( 28 janvier, 2012 )

Paroles de Soie déménage

Aujourd’hui est un grand jour pour Paroles de Soie
Pour son troisième anniversaire, il déménage, avec ses trois petits frères: « Ecriplume, « Livres ou vers », et « Toutitest » vers sa propre adresse, son propre nom de domaine.

Dorénavant, vous les retrouverez tous, réunis sous le même toit, à l’adresse suivante:

http://www.ecriplume.com

 

A cette nouvelle adresse, vous me retrouverez « dans mes meubles ».
J’ai en effet eu la chance, grâce à Walter (qui préfère ne pas divulguer son identité complète), de pouvoir créer un site tel que je le désirais.
J’ai donc pu réaliser moi-même la partie graphique, tandis que Walter prenait en main toute la partie technique et que Celui qui m’accompagne, s’attaquait à la copie des textes de l’ensemble des blogs.
Ces derniers mois, Unblog a connu beaucoup d’évolution et… pas mal de pannes rendant les blogs inaccessibles.
Ce genre d’inconvénients ne devrait plus intervenir dorénavant.

Avec plus de 305’000 visites en trois ans, Ecriplume se porte bien et méritait un nom de domaine protégé.
Dans sa nouvelle « demeure », il continuera à suivre son rythme d’un texte par jour.

Les archives des trois blogs déménagent, elles aussi, à quelques détails près.
Ce qui ne mérite pas d’intérêt restera ici.

Je remercie du fond du coeur

- Walter, bon ange d’Ecriplume
- Bruno, mon compagnon
- Unblog, qui a hébergé Ecriplume et ses petits frères pendant trois ans
- Et… vous toutes et tous qui me suivez depuis tout ce temps!

J’espère que vous me rejoindrez dans mon nouvel environnement, et me réjouis de vos commentaires et autres réactions!

 

Martine Bernier

 

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( 16 novembre, 2011 )

Claudio Corallo: l’élégant aventurier des saveurs

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Photo d’Eric Bernier

C’était vendredi dernier. Un rendez-vous pour un article… et une rencontre exceptionnelle. Claudio Corallo était en Suisse entre deux avions, deux destinations, lui qui partage sa vie entre Sao-Tomé e Principe, en Afrique, Lisbonne et Prague. A la fin de l’entretien qui a duré tout l’après-midi, nous avions échangé nos coordonnées personnelles, et nous convenions qu’il ferait escale par chez nous lorsqu’il reviendra, avec son épouse, en février.
J’ai envie de vous faire découvrir cet homme sensible, passionné et passionnant, au destin hors du commun.
Voici l’article tel qu’il paraît aujourd’hui dans l’hebdomadaire « Terre et Nature ».

Parti de l’Italie, son pays natal, Claudio Corallo est devenu un orfèvre en matière de culture de café et de cacao. Lui qui ne se sent bien qu’au cœur de ses plantations africaines est de passage en Suisse pour l’ouverture d’une boutique contenant ses produits hors du commun.

Claudio Corallo est un personnage unique. Il y a en lui autant d’Indiana Jones que de cultivateur amoureux fou de sa terre. Sa vie est une aventure. Et sa terre n’est pas celle de Florence natale. Lui dont sa maman disait: « Tu t’es trompé de lieu de naissance, tu aurais dû naître en forêt! » se spécialise en suivant ses études à l’Institut Agronomique pour l’Outremer avant d’accepter un premier contrat lui permettant de travailler au Zaïre avec un projet de coopération. En 1979, il rachète une plantation de café abandonnée, de 1250 hectares, au fin fond des forêts les moins explorées du pays. Il y plante du café, forme la population locale, apprend la langue et vit dès lors au cœur d’un océan de verdure. Pour y accéder, il faut voyager sur le fleuve, en pirogue ou en bateau à roue et terminer les 95 derniers kilomètres du voyage à pied. Claudio construit une piste d’atterrissage pour rompre un peu l’isolement dans lequel il vit avec sa famille. Les animaux sauvages qui visitent la plantation ne l’effraient pas. Désormais, sa vie est ici, avec son épouse et les trois enfants qui naîtront de leur union.

De la réussite au renoncement

Sa plantation, il lui prodigue les meilleurs soins. En 1989, sa première production est une merveille de qualité. Mais huit ans plus tard, la situation politique du pays se dégrade et il doit tout abandonner précipitamment. « J’avais senti venir le vent, raconte-t-il. En 1993, j’avais loué une plantation à Sao Tomé-e-Principe, deux îles qui représentent l’un des plus petit pays d’Afrique, dans l’Atlantique Sud, et j’y avais installé ma famille. Quand je suis parti à mon tour, il a fallu tout recommencer. J’ai planté du café sur une île et du cacao sur l’autre. Aujourd’hui, j’y vis toujours. »
Le déchirement de ce départ d’un pays où il a laissé son cœur n’empêche pas Claudio de se remettre au travail sans attendre. Au fil du temps, il rachète ses nouvelles plantations. Sur Sao Tomé, dans sa plantation de Nova Moka, il cultive le café avec sa famille, fort de l’expérience d’une vie. Sur Principe, dans sa plantation de Terreiro Velho, il apporte la même rigueur et la même attention au cacao, culture nouvelle pour lui. Esthète exigeant avec lui comme avec les autres, il cherche les variétés possédant les meilleures saveurs, est partout sur le terrain et se jette à corps perdu dans le travail. Il développe une méthode de fermentation naturelle, trouve la courbe thermique idéale pour un séchage optimal des fèves.

Le must du cacao

Le résultat est magnifique. Ses fèves de cacao n’ont pas d’amertume agressive. Leur douceur permet de limiter l’apport de sucre lors de la préparation du chocolat. Les saveurs de chacun des produits issus des deux plantations de cacao comme de café ressemblent au maître des lieux: raffinées, authentiques, tout en nuance. Désormais, ce cacao, ce chocolat et ce café qui se trouvaient jusqu’ici dans les épiceries fines et autres commerces spécialisés, se retrouvent dans l’élégante boutique ouverte depuis peu à Nyon (VD) tenue par Patrick de Carvhalo, collaborateur de Claudio Corvallo.
Celui-ci revient désormais deux fois par an en Europe pour assurer le négoce de ses produits et aller à la rencontre de ses clients. Partout où il passe, il fascine et passionne ses interlocuteurs par son savoir, ses valeurs, sa sensibilité et son expérience. Sa vie est un roman qui l’a entraîné jusqu’en Bolivie où il a partagé son savoir avec des planteurs locaux. De son départ du Zaïre et de ses premières plantations où plus jamais personne n’est retourné, il parle avec tristesse mais sans aigreur. L’amertume ne fait décidément pas partie de la vie de Claudio Corallo…

Martine Bernier

Promeco Af Sarl, Patrick et Nadea de Carvalho, route de St Cergue 39, 1360 Nyon. Tél. 022 556 76 86
Site: www.claudiocorallo.com

( 28 juillet, 2011 )

Maison de Pasteur: Pasteur intime

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(Photos: Maison Pasteur)

A chaque fois que nous passons  par Arbois (Franche-Comté),  je regarde le panneau indiquant la Maison de Pasteur, et je me dis que j’aimerais la visiter et lui consacrer quelques lignes.
Hier, mon vœu a été exaucé. 

Dès l’instant où vous poussez la porte de la maison aux façades garnies de lierre grimpant, vous retournez un bon siècle en arrière. Louis Pasteur (1822 – 1895) a bel et bien vécu ici, dans la maison de son enfance, ancienne tannerie familiale, devenue ensuite la maison de ses vacances, puis de ses  vieux jours.
Tout est resté en l’état, y compris un papier peint d’époque étonnamment préservé, apportant à la demeure un aspect  intime.
A la patère de la chambre, le vieux panama et le feutre sont accrochés, le calot du scientifique trône sous vitrine.
Du linge de maison est toujours prêt à être utilisé dans le boudoir-dressing de Mme Pasteur, la table est dressée comme pour recevoir des invités, les armoires regorgent de vaisselle…
Le rond de serviette gravé à la main  « Zizinette », surnom donné à la petite-fille de Pasteur par son célèbre grand-père est toujours rangé à sa place, ses livres trônent dans la bibliothèque, très éclectique, le jeu de dames patiente en attendant le retour des joueurs.
Au mur du premier étage sont toujours accrochés les dessins et fusains que Pasteur avait réalisé alors qu’il n’était encore qu’un jeune adolescent.
S’
y révèle le talent académique mais déjà très sûr de cet homme qui rêvait de suivre sa vocation artistique avant de se vouer totalement à la science.
Pasteur, en sortant de sa chambre, devait seulement traverser le corridor pour entrer dans le vaste laboratoire qu’il avait fait aménager. Un équipement moderne  et fonctionnel pour l’époque lui permettait de mener à bien ses recherches et ses expériences.  La pièce est équipée d’une chaudière d’incubation, de becs de gaz, d’eau courante. 
Aujourd’hui encore, ses fioles, ses canules et ses ballons n’ont pas bougé.
On peut lire sur les étiquettes « bouillon de poule » ou « jus de raisin ». Leur contenu est intact depuis 1878 pour le raisin et 1883 pour le bouillon, preuve du bien-fondé de ses théories.
C’est ici que le chercheur a repris ses travaux sur les fermentations, la théorie des germes et la stérilisation. 
Sur son bureau, une enveloppe semble avoir été ouverte hier.
Elle porte un cachet postal et, en guise d’adresse, ces deux lignes:

- » A celui qui fait des miracles
Rue d’Uhn, Paris »

Dans cette maison, que Pasteur appelait son « Château de la Cuisance », du nom du cours d’eau au bord duquel il est installé, l’émotion est présente dans chaque pièce.
Ici a vécu un homme reconnu bienfaiteur de l’humanité, qui a sauvé un nombre inestimable de vies, qui est à la base des notions d’hygiène, qui a découvert le vaccin contre la rage et tant de notions fondamentales à notre vie actuelle.
Les visites sont personnalisées, sous la houlette d’un personnel chaleureux et visiblement épris
 e l’histoire de l’homme, de la maison sur la mémoire desquels il veille aujourd’hui.
L’accueil est chaleureux, la visite passionnante.
Une escale émouvante à ne surtout pas manquer si vous passez dans la région.

Martine Bernier 

 La Maison de Louis Pasteur, Arbois maisondelouispasteur@wanadoo.fr  www.academie-sciences.fr/pasteur.htm 

( 17 juin, 2011 )

André-Paul Duchâteau: Le gentleman du polar

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Dans les mondes de la bande dessinée et de la littérature policière, l’écrivain belge André-Paul Duchateau est une star.
Scénariste du célèbre « Ric Hochet » créé avec le dessinateur Tibet, il a vécu avec ce dernier une histoire d’amitié qui a duré 56 ans. Roi du suspens, prince de l’énigme… rencontre avec un être humain délicieux.

- Quel genre de petit garçon étiez-vous?
Je suis né à Tournai, en Belgique, et dès le départ, j’ai été passionné par les aventures de Tintin. Je me suis très vite promis d’écrire. Mon père, général dans l’aviation, adorait lire les histoires policières pour se détendre. Grâce à lui, à 6 ou 7 ans, je dévorais déjà Agatha Christie. J’ai toujours été un grand amateur d’énigmes, de problèmes policiers. Puis je suis devenu un immense lecteur… de tout! Et le plaisir du lecteur est devenu le plaisir de l’écrivain. Je suis avant tout un grand amateur d’énigmes. J’adore mettre les lecteurs sur de fausses pistes!

- Le grand public vous connait avant tout comme étant le scénariste du célèbre héros de BD « Ric Hochet ». Comment avez-vous rencontré Tibet, son dessinateur?
J’étais directeur commercial dans une grande imprimerie qui imprimait beaucoup de journaux. Tibet avait été engagé comme « petite main » par les deux dessinateurs de la maison. Nous avons sympathisé et sommes devenus très amis avant d’être collaborateurs. Le soir, après 17 heures, je le rejoignais dans son bureau et nous jouions. Nous discutions pendant des heures en jouant au ping-pong. D’abord debout, puis, comme nous devenions plus fatigués au fil de la partie, nous la continuions plutôt mollement, depuis une banquette! C’est comme cela que tout est né…

- Naissance d’une amitié… et de Ric Hochet! Lequel de vous deux en a eu l’idée?
Lui. Il aimait beaucoup un personnage de BD, Valhardi, détective assureur, et m’a proposé de créer un détective dans le même genre. Je n’ai accepté le nom de Ric Hochet qu’avec réticence. Je trouvais que cela ne faisait pas très sérieux. Ric ne vieillissait pas. Il y a eu beaucoup d’anecdotes, au fil du temps. Je disais à Tibet que je ne comprenais pas comment le personnage pouvait conserver ce fameux veston à mouchetures alors qu’il passait son temps, en se battant, à le salir, le déchirer. Un jour, dans un album, Tibet a glissé un gag. Après s’être bagarré et avoir encore abîmé sa veste, Ric rentre chez lui, ouvre son placard et… on y voit une quinzaine de vestons identiques! Tibet s’amusait beaucoup de ce genre de détails. Quand il me téléphonait, je grognais souvent. Pour un scénariste, parler au téléphone équivaut à ne pas travailler. Pour lui, c’était différent. Pendant qu’il parlait, je l’entendais crayonner! Il faisait les mouchetures des vestons de Ric, dessinait, alors que je ne pouvais rien faire d’autres que de parler. Cela m’agaçait

- Comment naît une histoire de Ric Hochet? Vous savez dès le départ qui sera le coupable?
J’ai souvent dit que, dans un roman, je ne sais pas ou je vais, je change de coupable en cours de route. Mais c’est parfois dangereux dans les scénarios! Autant dans un roman, vous faites ce que vous voulez, autant, en bande dessinée, le synopsis doit être très précis. Et cela nous a apporté des ennuis. Dans la série « Les aventures des trois A », que nous avions créée ensemble, j’ai changé de coupable, mais je ne l’ai pas dit à Tibet suffisamment tôt. Dans un premier temps, le personnage en question était long et grand. Au fil de l’histoire, qui paraissait chaque semaine dans Tintin, j’ai changé d’avis et j’ai choisi un autre homme, gros et large. Or, les pages devaient partir à l’imprimerie et Tibet avait déjà dessiné… Nous nous en sommes sortis, mais ça a été complexe!
En principe, je pars souvent d’une idée de base et les personnages viennent par la suite. Pour Ric Hochet, je suis peu à peu parti dans des histoires complètement fantastiques.

- J’ai le souvenir d’un album au cours duquel l’un des personnages voyait ses cheveux blanchir totalement en une seule nuit. C’était une création ou un fait réel?
C’était un cas exact. Je suis parti sur un fait réel qui m’a été raconté. Celui d’un homme vivant en Arabie, qui a assisté a tellement d’horreurs que ses cheveux sont devenus blancs en quelques heures…

- Le temps a passé. Tibet nous a quitté voici un peu plus d’un an…
Oui. Après 56 ans de travail commun et d’amitié. Ca a été une immense douleur pour sa femme et pour moi. Mais il est mort de manière miséricordieuse. Il regardait un spectacle comique à la télévision, s’est levé pour ouvrir une fenêtre, et s’est affaissé. Sans douleur… Il était mon cadet de six ans. Ca a été tragique… Il me manque terriblement, à tous les niveaux…

- Peu après sa mort est sorti le fameux album numéro 78, ultime aventure de Ric Hochet dessinée par Tibet, mais qu’il n’a pu terminer.

Nous avons beaucoup réfléchi, avec son épouse, et nous avons décidé de le sortir, pour lui, même si la plupart des dessins n’en étaient encore qu’à l’état d’ébauche.

- A la fin de la préface que vous lui consacrez, vous dites que Tibet aurait souhaité que Ric ne meurt pas et qu’il y aura d’autres albums.
Nous essayons, nous testons… mais la décision est prise: nous serons d’une exigence énorme. Si un album 79 doit sortir, il devra être parfait. L’épouse de Tibet et moi-même aurions voulu arrêter. C’est lui qui ne le voulait pas. Nous craignons une désillusion. Nous verrons. En attendant, les albums de l’intégral sortent et marchent très bien.

- Vous êtes non seulement scénariste, mais également un écrivain reconnu, sous plusieurs pseudonymes.
Après Ric Hochet, nous avons créé la BD « Les Trois A ». L’éditeur a estimé qu’il était plus judicieux de prendre un pseudonyme. J’ai énormément écrit: c’est une démangeaison extraordinaire, un immense plaisir. J’ai notamment signé beaucoup de romans pour l’illustré belge « Bonne Soirée ». En core aujourd’hui, j’écris toujours à la plume et je fais retaper mes textes. J’aime ce contact avec le papier, le bruit de la plume… Pour le moment, j’ai un livre historique prêt à sortir si je trouve un éditeur.

- Une biographie?
Oui, l’histoire d’un homme qui a défrayé la chronique en Belgique, en son temps. Il était à la fois commissaire et chef de bande!

- Vous avez aussi notamment consacré un ouvrage à Stanislas André Steeman, maître du suspens. L’avez-vous rencontré?
J’ai eu la chance de le connaître, oui. Tout le monde se souvient de « L’assassin habite au 21″, porté à l’écran. Il m’a toujours encouragé, m’a poussé en me donnant de bons conseils. Je lui dois beaucoup. Il ne me corrigeait pas mais relisait avec moi. Dans l’un de mes livres, le personnage rentrait dans une chambre, respirait un parfum et trouvait quelques vers. En lisant ce passage, S.-A. Steeman m’a dit: « Tu dois aller au fond des choses. Il faut que l’on puisse lire ces vers. »
Le problème c’est que je ne suis absolument pas doué pour la poésie. J’ai composé une multitude de vers que je lui ai envoyés. Il ne les trouvait pas bons.Il me disait: « Vos vers, mon ami, sont des vers de mirlitons. Et encore, de mirliton qui jouerait faux! ».
En désespoir de cause, j’en ai écrit un énorme paquet et je les lui ai envoyé. Trois lignes ont trouvé grâce à ses yeux, que j’ai pu publier: « L’éclat de tes bas noirs
Dans l’ombre de ta jupe
Je n’espère plus d’autres soirs… »

- Ecrivez-vous toujours, aujourd’hui?
Je suis toujours aussi passionné par les mystères. Mes énigmes paraissent une fois par semaine dans le magazine « Télé 7 Jeux ».
Tibet me manque, je vous l’ai dit… Nous avions peur de lasser nos lecteurs, mais nous avions faim de continuer. Pendant qu’il dessinait, j’inventais l’histoire suivante, et ainsi de suite. En dehors de son absence cruelle, rien n’a changé depuis mes 15 ans. J’en ai 86 et j’écris toujours! Il y a chez moi un désir d’écrire qui ne s’éteindra pas, je crois!

Martine Bernier
- « L’écrivain habite au 21″, P.-A Duchâteau et Stéphane Steeman, Ed. Quorum.
- L’intégrale de Rich Hochet ressort aux Editions du Lombard

( 9 juin, 2011 )

Christian Vessaz: « La Terre nous est prêtée »

La Bourgeoisie de Morat, dans le Vully, ne peut que se féliciter d’avoir fait confiance à Christian Vessaz, en lui confiant son domaine viticole en 2002. Depuis, la réputation de leurs vins ne cesse de croître grâce au talent et au travail de ce jeune ingénieur œnologue reconnu par l’ensemble de la profession.

Lorsque vous demandez à Christian Vessaz s’il aimerait posséder un jour son propre domaine, il répond: « Je crois que la propriété ne rend pas forcément heureux… Il y a des choses plus importantes que d’avoir son nom sur une étiquette. »
Né dans le Vully (FR), auquel il est très attaché, le jeune responsable du Domaine de la Bourgeoisie de Morat a pris goût au travail de la vigne au sein de sa famille qui cultive la terre de la région depuis 1536! La propriété familiale ne permet pas d’en vivre, mais c’est pourtant là que la passion se développe. Avec un premier signe qui ne trompe pas: vers 1990, fort des économies récoltées lors des vendanges, Christian s’offre une bouteille du prestigieux Château Yquem, qu’il propose à ses invités quelques années plus tard, le jour de son mariage.
Dans un premier temps, percussionniste classique, le jeune homme envisage de faire carrière dans la musique. C’est finalement la voie de la vigne qu’il va suivre en suivant des études d’ingénieur œnologue à Changins. L’aspect théorique très pointu de l’enseignement lui apporte un solide bagage auquel vient s’ajouter sa sensibilité personnelle perceptible aujourd’hui au détour de chacun de ses vins.

Retour aux sources

En 2002, lorsqu’il sort de l’Ecole d’ingénieurs de Changins, le nouvel œnologue s’apprête à s’envoler pour la Nouvelle-Zélande où l’attend une place de travail. Mais au même moment, la Bourgeoisie de Morat publie une annonce afin de trouver un nouveau responsable pour s’occuper de son domaine viticole. Pour Christian Vessaz, l’opportunité est inespérée. « Je viens du Vully, je suis proche de cette terre, explique-t-il. Il n’y a qu’une seule place telle que celle-ci dans la région, les autres domaines sont gérés par des familles. J’ai été le seul à postuler. J’avais 24 ans. Et j’ai eu de la chance: mes nouveaux employeurs m’ont fait confiance. »
Engagé à une période où les grands volumes de chasselas produits alors ne trouvent plus de marché, le nouveau responsable du Crû de l’Hôpital retrousse ses manches et se met au travail. Il souhaite travailler dans le respect de ce qu’ont réalisé ceux qui l’ont précédé, tout en adaptant la culture à l’époque, en y ajoutant sa griffe personnelle. Il modifie l’encépagement, affine le travail en cave. Son credo: travailler dans le respect du fruit, comme le fait naturellement cette terre sablonneuse du Vully. Il partage ses expériences avec ses collègues, mise sur la communication, la constance dans le travail. Les résultats ne se font pas attendre. Ses vins élégants retiennent rapidement l’attention des professionnels comme du public. Sa réputation se construit, à tel point qu’il devient le plus jeune vigneron à faire partie de l’association « La Mémoire des Vins Suisses » réunissant les plus grands noms de la profession.

Heureux dans son métier comme dans sa vie personnelle, ce jeune papa vise dans sa profession une qualité toujours supérieure des produits et une approche toujours plus professionnelle de la vigne qu’il cultive déjà partiellement en biodynamie. Son métier, il l’aime et en parle avec finesse: « C’est la nature qui fait le vin. Même s’il y a des opérations qu’il faut faire, je ne fais que l’accompagner dans son développement. C’est un métier magnifique. Avec la vigne, on arrive à donner un petit supplément d’âme à la terre… »

Martine Bernier

Le Domaine, c’est:
- Surface exploitée: 9 hectares dont 7 en propriété et 3 2 en location.
- Cépages: par ordre d’importance: chasselas, pinot noir, traminer, pinot gris, gamaret, chardonay, et quelques curiosités.
- Encavage: 70 000 bouteilles
- Spécialités: le traminer, le pinot gris, le chardonnay et le viognier.

Le vin qu’il choisit…

Le Traminer 2009.
« Il s’agit du vin vedette de la cave. En 1983, il a été champion du monde à Ljubljana, en Slovénie. Aujourd’hui notre vin est différent, mais ressemble encore au champion. C’est toujours un vin blanc sec, très aromatique, mais les personnes ont changé. Certains détails de la vinification ont été modifiée au fil du temps. Ce n’est pas un « vin de soif », il n’est pas très vendu pour cette raison. Il est puissant, complexe, ne se boit pas facilement en apéritif. Il accompagne très bien des plats asiatiques pas trop relevés. Il reste une spécialité que j’aime beaucoup. »

Adresse
Christian Vessaz
Crû de l’Hôpital, Domaine de la Bourgeoisie de Morat
Route du Lac 200, 1787 Môtier – Vully
Tél/ 026 673 19 10
Email: info@cru-hopital.ch

( 31 mai, 2011 )

Jean-Marc Lattion: Le Maître de l’acier

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Jean-Marc Lattion a créé un monde fantastique, peuplé d’œuvres en métal façonnées au feu de sa forge ou de son chalumeau. Et a transformé en art un métier délaissé.

Lorsque vous demandez à Jean-Marc Lattion s’il est ferronnier ou artiste, il répond qu’il est sculpteur. À première vue, son atelier de Colombey (VS) ressemble à un lieu de travail classique, parsemé de machines et d’outils. Mais à y regarder mieux, le local est rempli de merveilles. Des chats élégants, des statuettes, du mobilier tout droit sorti d’un film fantastique: le tout, inclassable, ressemble à celui qui les a créés.
Jean-Marc Lattion est un personnage. Jeune homme, il entame des études d’ingénierie en mécanique qu’il délaisse au bout de quelques trimestres, déçu par l’atmosphère estudiantine. Il devient programmeur informaticien, mais étouffe dans son métier. « Je voulais une liberté totale, explique-t-il. Mai 68 était passé par là, et je ne voulais plus recevoir d’ordre de qui que ce soit. En regardant mon oncle, ferronnier, forgeron et maréchal-ferrant, j’avais appris les bases de son métier dès l’enfance. J’ai décidé peu à peu de me mettre à mon compte comme ferronnier d’art. »
Il fallait oser… L’homme est marié, père de trois enfants, et le métier est en voie de disparition. Rares sont les personnes qui apportent encore des outils à réparer. En 1976, il débute en réalisant quelques décorations pour les maisons et… une sculpture de chauve-souris commandée par un particulier. Le défi lui plaît. Il réalise un croquis et signe sa première œuvre.

Un monde imaginaire

Le travail du métal, pourtant pénible et long, le passionne. Il met au point une méthode novatrice qui lui permet de chauffer et de travailler le métal au chalumeau et non plus à la forge qu’il utilise de moins en moins.
Réalisées avec du matériel de récupération, ses œuvres sont impressionnantes, sorties en droite ligne de son imagination débordante. Sa dextérité à travailler le fer, l’acier ou l’aluminium est telle qu’il arrive à donner l’illusion qu’il recouvre ses tables d’un tissu noir, alors qu’il s’agit d’un effet de drapés en métal aux plis étrangement fluide. Ses chaises sont conçues autour de sièges de vieux tracteurs, qu’il recherche toujours dans le but de leur offrir une nouvelle vie. Un objet qui passe dans ses mains est doté d’une deuxième vie, marqué de sa griffe. Cet homme calme, indépendant et cultivé transcende le métal qu’il façonne pendant des jours entiers avec une patience infinie. Pour le clocher de l’église de Trois Torrents, il vient d’achever une croix surmontée d’un coq en trois dimensions, qu’il dévoilera dans le courant du printemps lors d’une exposition qui sera organisée sur son lieu de travail.

Inspiration d’Art brut

À l’extérieur de son atelier, le Jardin des Sculptures qu’il a commencé à installer est un enchantement. Des chats monumentaux de plus de trois mètres, racés et stylisés, voisinent avec une « Grande Femme » qui rappelle l’œuvre du même nom signée Giacometti. Qui la rappelle seulement: il ne s’agit pas de copies. Se contenter de comparer les sculptures de Jean-Marc Lattion avec celles des artistes qu’il admire serait réducteur. Très proches de l’art brut, toutes sont dotées d’une personnalité propre, aussi forte que celle de leur créateur. Belles, malicieuses, émouvantes, fantaisistes ou sobres, elles arborent fièrement leurs formes et cette patine de rouille qui, de loin, leur donne l’apparence du bois.
Ferronnier d’art… Sous le couvert de ce métier perdu, Jean-Marc Lattion transforme la matière, crée des bougeoirs, des luminaires, des décorations, du mobilier. Même s’il ne roule pas sur l’or, le sculpteur est heureux et déclare que si c’était à refaire, il exercerait le même métier, mais sans doute plus tôt. En n’oubliant jamais la définition qu’un prêtre lui a un jour donnée de sa profession: « ferronnier, c’est celui qui travaille le fer avec amour. » Amour et talent.

Martine Bernier

Du 6 au 11 juin 2011; de 14 à 21 heures, vous pouvez rendre visite à Jean-Marc Lattion route de Collombey-le-Grand- 5, 1868 Collombey (Suisse)
Il vient de terminer la croix et le coq-girouette qui orneront le clocher de l’Eglise de Troistorrents, en Valais.
Il présentera le fruit de ce travail délicat qui a demandé des mois de travail au cours d’une exposition à découvrir chez lui!

( 17 mai, 2011 )

Claudy Clavien: La quête de l’inaccessible vin

La cave des Champs, à deux pas de Sierre, Claudy Clavien l’a créée voici plus de vingt ans. Devenu un vigneron réputé, il continue à suivre son chemin, mettant en avant les vins qu’il affectionne et en s’efforçant de les rendre toujours meilleurs.

Dans la Cave des Champs de Claudy Clavien, à Miège (VS), se trouve la statuette en bois d’un petit bonhomme tentant sans succès de toucher le vin se trouvant dans un verre trois fois plus grand que lui. Le maître des lieux y tient beaucoup et y associe une phrase: « Le vin est tellement grand que l’Homme n’arrive pas à l’atteindre. » Ces quelques mots résument à eux seuls la démarche de ce chaleureux vigneron valaisan: une recherche constante de la qualité.

De père en fils

« Mon père était vigneron, explique-t-il. Lorsque j’ai suivi l’école d’agriculture de Chateauneuf, j’ai choisi la filière « vigne ». L’idée de la création d’un produit, de son accompagnement depuis la plantation de la vigne jusqu’à la vente du vin me séduisait. Comme mon père livrait jusque-là son raisin en coopérative sans vinifier, nous avons pu travailler côte à côte, sans l’ombre d’un conflit.  »
Des stages chez Madeleine Gay, chez Maurice Zufferey et à l’école d’ingénieurs de Changins lui permettent d’affiner ses goûts et d’améliorer ses méthodes de travail.
En 1989, il produit son premier millésime, à l’âge de 23 ans. Depuis, ceux-ci se sont enchaînés, souvent couronnés par des prix prestigieux, comme le Label Nobilis. Il en parle sans ostentation, expliquant qu’il a eu la chance d’avoir quelques « coups de pouce » au bon moment. Et qu’il fait partie de la génération de vignerons arrivés dans la profession lorsque celle-ci a privilégié la qualité à la grande production.

Vigne sur sol sec

Les vignes de Claudy Clavien se trouvent sur le territoire le plus sec de Suisse. L’un des défis consiste donc à transformer un raisin naturellement riche en sucre en un vin ne manquant pas d’acidité. Un domaine qui le passionne, lui qui s’intéresse particulièrement à la richesse des sols et à l’utilité de l’enherbement de la vigne..
Ici, le travail se fait en famille. Claudy se partage entre la vigne et la cave, Joëlle, son l’épouse, se charge de la réception et de la comptabilité, tandis que sa sœur, Marie-Pierre, se consacre à la vigne. Six ouvriers à temps partiel les secondent dans leur tâche.

Ami de Jacques Perrin et Patrick Regamey, deux personnalités bien connues dans le monde du vin, Claudy les accompagne pour découvrir le travail de ses confrères hors des frontières du canton et du pays. Cette ouverture d’esprit qu’il va acquérir au cours de ces déplacements, et son attirance pour les grands vins de Bourgogne vont encore enrichir sa perception du vin. C’est ainsi qu’il continue à déguster les vins des autres tout en apportant un soin particulier à chacun de ses nectars.
Dans sa cave, une partie d’entre eux sont élevés en cuves, l’autre en fûts de chêne. Ils portent des noms poétiques à souhait: Eclats d’âme, Quintessence d’automne, Encre de la terre ou Carmin des pierres, signant des vins désormais aussi réputés que la gentillesse de celui qui les crée.

Martine Bernier

( 28 novembre, 2010 )

Robert Taramarcaz: le vin au pied des Muses…

Chaque bon vigneron est un artiste et un travail acharné. C’est le cas de Robert Taramarcaz, véritable poète et homme de théâtre dont les vins de son Domaine des Muses, en Valais, collectionnent les honneurs et les prix.

Si sa cave se trouve à Sierre (VS), c’est à Granges que Robert Taramarcaz reçoit ses hôtes, dans un lieu bucolique, au pied des deux collines de « Pintset » sur lesquelles sont plantées les vignes du domaine familial. Ce Domaine des Muses, ce sont ses parents, Nicole et Louis, qui l’ont fondé en 1992. Dix ans plus tard, Robert les rejoint. Lui qui, après avoir obtenu une maturité fédérale économique, comptait suivre des études de Droit a finalement pris l’option de s’orienter vers le monde du vin. « Ce qui n’a pas été facile pour moi en raison du côté très scientifique des études. J’avais plutôt envie d’opter pour un métier artistique! Il a fallu que je m’accroche. », avoue-t-il. Il décroche son diplôme d’ingénieur œnologue, est diplômé de l’Institut Universitaire de la Vigne et du Vin de Dijon, en Bourgogne, et effectue des stages notamment en Suisse et en Nouvelle-Zélande.

La poésie dans le vignoble

Bardé de diplômes et riche de l’expérience acquise, Robert Taramarcaz pourrait se contenter d’être un vigneron doué, pointu et attentif. Ce serait compter sans la dimension artistique de sa personnalité. Avec son regard doux et sa voix posée, cet homme à la sensibilité à fleur de peau est un grand amoureux des Arts. Depuis que ses parents ont fondé le domaine des Muses, il rêve de ces déesses mythologiques et imagine tout ce qui pourrait naître autour d’elles.
Outre la qualité reconnue de ses vins très primés, c’est là que réside la particularité du jeune vigneron. Les vins qu’il a créés autour de ces muses, il les a voulus aussi proches que possible de la personnalité de chacune, telle qu’il les imagine. Passionné de théâtre, il a lancé une tradition novatrice: proposer des spectacles-dégustation au cours desquels les vins sont présentés comme de véritables personnages.
Filles de Zeus et de Mnémosyne, les neuf Muses de la Grèce Antique se voient rendre hommage à travers des vins de haute tenue et un Festival qui leurs sont dédiés. Euterpe, Polymnie et Terpsichore, respectivement muses de la musique, de la poésie lyrique et de la danse, prennent les traits de comédiennes, danseuses et musiciennes professionnelles pour un spectacle poétique annuel, dédié aux Arts et au vin.

Mariage réussi et projet en cour
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Membre de l’Association Vitival, Robert Taramarcaz est attentif à l’environnement naturel de sa vigne, au terroir, La rigueur et la finesse de sa vinification unies au côté artistique de sa démarche, toujours soutenus par ses parents qui continuent à travailler sur place, font du domaine un lieu particulier, harmonieux. Créatif à souhait, l’œnologue imagine un vin et un spectacle autour de l’un de ses personnages fétiches: Cyrano de Bergerac.
Ici, le vin est raffiné et les hommes heureux.

Martine Bernier

Le Domaine, c’est:
- Surface exploitée: 9,5 hectares dont 5 en propriété et 4,5 en location.
- Cépages: une quinzaine de cépages avec un accent particulier sur les cépages valaisans, dont la Petite Arvine.
- Encavage: environ 75 000 bouteilles
- Spécialité: la ligne des Muses (Séduction), créée à base d’assemblage d’humagne et d’arvine que personne n’avait tenté jusqu’alors.

Le vin qu’il a choisi: l’Humagne Rouge 2009
Coup de cœur du Guide Hachette 2011, ce vin a une histoire. Robert Taramarcaz, en revenant en Valais après ses études et ses voyages, trouvait l’humagne un peu rude. En 2003, année de grande canicule, les vendanges ont été faites en août. Et il a réalisé une très belle humagne qui lui a donné l’envie d’approfondir le sujet. Avec une maîtrise sévère des rendements et un ensoleillement adéquat, ce cépage révèle des arômes de baies sauvages, rares dans un vin rouge. Sa version 2009 est, en bouche, très veloutée. Les tanins, présents mais civilisés, soulignent la puissance du vin qui reste frais sans lourdeurs alcooliques. Un vrai vin de caractère et de terrain, authentique au Valais.


Coordonnées:

Domaine des Muses,
Robert Taramarcaz, 3960 Sierre
Tél. 027 455 73 09
Fax 027 455 18 69
Email: info@domainedesmuses.ch
Site: www.domainedesmuses.ch

Cet article est sorti dans le magazine suisse Terre et Nature en octobre 2010

( 30 août, 2010 )

Jean-Pierre Pellegrin: le Robin des Vignes

Dans son domaine de Grand’Cour (GE), Jean-Pierre Pellegrin vit protégé par des murs dont certains datent du Moyen Age. C’est là qu’il crée ses vins qui séduisent les plus fins palais.

Lorsque les visiteurs pénètrent dans la cour pavée ornée de lauriers roses du domaine de Grand’Cour, ils comprennent qu’ils ne se trouvent pas dans un endroit banal. Ici, au cœur de Peissy (Satigny – GE), les lieux sont imprégnés de 600 ans d’histoire. À l’abri de ces murs, Jean-Pierre Pellegrin représente la neuvième génération de vignerons de sa famille travaillant sur la commune de Satigny. Du vignoble qu’il cultive, il dit « qu’il a une mémoire ». Cet homme discret, sensible et réfléchi a repris le flambeau des mains de son père, qui continue à le seconder dans de nombreuses tâches. « Mon père et mon grand-père n’ont jamais vinifié, mais ils avaient planté du raisin rouge qu’ils livraient à la coopérative. C’était du gamay, qui correspondait aux goûts et aux besoins de l’époque. Le contexte a évolué. Les vignerons genevois ont longtemps été complexés par rapport à leurs collèges des cantons de Vaud et du Valais. Ils pensaient ne pas pouvoir faire d’aussi bons produits qu’eux. Un énorme travail a été effectué, et nous avons tenté nous aussi de proposer des vins plus expressifs. Aujourd’hui, nous y sommes arrivés. »

Vignoble en mutation

En reprenant la succession de son père, Jean-Pierre Pellegrin s’est ouvert à la viticulture mondiale, a appris à s’adapter à la situation des lieux. En quinze ans, sur le domaine familial, il a presque entièrement changé le vignoble, pour pouvoir répondre aux goûts actuels. Un parcours rapide pour un homme qui, pourtant, aime mûrir ses décisions et prendre son temps. Mais il ne le regrette pas. Désormais, une quinzaine de cépages sont proposés à une vaste clientèle de fidèles qui, à Grand’Cour, n’apprécient pas que les vins, mais aussi ce qui les entoure.
Chacun est reçu dans ces bâtiments riches d’un passé ancestral, superbement rénovés dans le respect des lieux. Le maître des lieux répond aux questions, explique la présence, à côté des fûts traditionnels, des amphores en béton naturel, composé d’argile, de chaux, de sable et d’eau pure. L’amphore privilégie le fruit. Entre elles et les barriques, le vigneron tente de trouver un équilibre propre à chaque vin. Et y arrive, lui dont les bouteilles ont désormais une excellente réputation.

L’histoire du « P »

Parmi elles, le « P » est une cuvée d’exception, attendue par les connaisseurs. P comme Pellegrin, comme Pinot et comme le village de Peissy où se trouve le vignoble. « En 2003, la saison a été trop chaude. Nous avons vendangé une petite parcelle de pinot noir en ne gardant que les bonnes grappes que j’ai vinifiées dans cinq fûts. Cela a donné un vin formidable, que nous avons baptisé le « P ». Depuis, on ne réalise ce vin cette cuvée que lorsque tous les éléments sont réunis, comme la première année. Pour le moment, cela n’intervient que tous les deux ans. »
Humaniste dans l’âme, sans phrases grandiloquentes, Jean-Pierre Pellegrin a le goût des autres, et le prouve dans son quotidien. La quiétude qui règne dans la maison et la fidélité de ceux qui y travaillent comme de la clientèle montrent bien le bonheur qu’ont les passants à fréquenter celui que l’on surnomme le « Robin des vignes »… parce qu’il préfère se battre pour maintenir la beauté du vignoble plutôt que de sacrifier aux lois de ceux qui souhaiteraient modifier ce paysage enchanteur.

Martine Bernier

Le Domaine, c’est:
- Surface exploitée: 15 hectares dont 14 en propriété et un autre en location, le tout sur la commune de Peissy (Satigny GE).
- Cépages: une quinzaine de cépages parmi lesquels: gamay, pinot noir, gamaret, merlot, cabernet, syrah, viognier.
- Encavage: environ 50 000 bouteilles
- Spécialité: le fameux P, considéré comme l’un des fleurons de la production du domaine.

Cet article est paru en août 2010 dans l’hebdomadaire suisse « Terre et Nature »

( 1 août, 2010 )

Berce du Caucase: elle s’incruste

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Sus à l’ennemi!
Tel pourrait être le mot d’ordre des autorités dont les pâturages subissent l’invasion d’une plante exotique répondant au doux nom de Berce du Caucase.
Et ce que ce soit en Suisse, en Belgique ou en France
Dans les années 1950-55, cette plante a souvent été importée par des amateurs de botaniques.
Capable d’atteindre une hauteur impressionnante de 3,5 mètres, la berce, dotées d’ombelles spectaculaires et de couleurs blanche ou jaune, dépayse le public, et trouve alors sa place dans les arrangements floraux.
Seulement voilà… mettant à profit la philosophie du « j’y suis, j’y reste », la dame s’est incrustée.
Elle a même proliféré à tel point qu’elle a envahi les lieux.
En prime, sous ces airs innocents, l’heracleum mantegazzianum est hautement allergisante.
Un simple effleurement de n’importe quelle partie de son anatomie peut provoquer de véritables lésions de la peau.
Comme, en outre, sa force de recouvrement importante détruit quasiment toute autre forme de vie végétale, son arrivée idyllique et maîtrisée dans les petits jardins botaniques s’est aujourd’hui transformée en cauchemar dans certaines régions.

Ne pas toucher!

A ne pas confondre avec la berce commune, beaucoup plus petite que sa cousine exotique, la berce du Caucase représente un danger réel pour la santé.
Après un contact avec le suc de la plante, et sous l’effet de l’exposition au soleil, des lésions de la peau semblables à des brûlures peuvent se développer en quelques jours.
Dans les cas les plus graves, la peau devient rouge, gonflée, et des cloques apparaissent au bout d’un ou deux jours.
Après la guérison, des taches brunes peuvent persister.
En cas de contact avec la berce du Caucase, il est recommandé de se laver la peau, d’éviter l’exposition au soleil pendant quelques jours, et de changer de vêtements si ceux-ci ont été imprégnés par le suc.
Les précautions méritent d’être respectées, le processus des lésions étant très lent à disparaître.
Quant à la plante en elle même, très résistante, elle a une durée de vie de sept ans et prolifère grâce aux milliers de graines qu’elle produit chaque année.

Martine Bernier

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